sábado, 25 de octubre de 2008

Un poema de Léopold Sedar Senghor

Femme Noire

Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté!
J'ai grandi à ton ombre, la douceur de tes mains bandait mes yeux.
Et voilà qu'au cœur de l'Été et de Midi, je te découvre,
Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle.

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée.

Femme nue, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau
Délices des jeux de l'esprit, les reflets de l'or rouge sur ta peau qui se moire
À l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Éternel
Avant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.


Mujer Negra

Mujer desnuda, mujer negra
Vestida en tu color que es vida, en tu forma que es belleza.
Crecí en tu sombra y la dulzura de tus manos me vendaba la mirada.
Y así que al corazón de nuestro otoño y medio día, te descubro,
Tierra prometida, de alturas y de altivo calcinado cuello
Y tu hermosura me fulmina el corazón, como del águila el destello.

Mujer desnuda, obscura
Fruta ya madura y con la carne firme, éxtasis oscuros de este vino negro, boca que hace lírica mi boca
Sabana de horizontes puros, sabana que estremece las caricias fervientes de los aires del Oriente
Tam tam tallado, tam tam tendido que gruñe con los dedos de quien vence
Tu voz grave de contralto es el canto espiritual de la amada.

Mujer desnuda, oscura
Óleo que no arruga el viento, bálsamo de calma en los costados del atleta, en los costados de los príncipes de Malí
Gacela de celestes atractivos, las perlas son estrellas en tu piel de noche
Delicias del espíritu y sus juegos, reflejos de oro rojo que en tu piel destella
A la sombra de tu cabellera, se aclaran mis angustias con los soles a tus ojos tan cercanos.

Mujer desnuda, mujer negra
Yo canto tu belleza ahora que pasa, la forma que en lo Eterno voy fijando
Justo antes que el Destino receloso te reduzca a las cenizas, para poder alimentar las raíces de la vida.

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